Revue pour Mafia III. Jeu pour Mac, PC, PlayStation 4 et Xbox One, le jeu vidéo est sorti le 07/10/2016
La vie n'est jamais ce à quoi vous vous attendez, tout comme les jeux vidéo peuvent souvent être des expériences aussi excitantes que décevantes.
Cet effet est amplifié lorsque vous mettez la main sur un jeu attendu avec un précédent fort comme Mafia 3. Attention, la production de Hangar 13 propose un système de jeu remarquable, une intrigue classique mais racontée de manière convaincante, mais finissant par se perdre dans le labyrinthe du gameplay avec une mécanique répétitive et difficile à digérer, comme je l'expliquerai dans cette revue.
Le sang appelle le sang ...
Mafia 3 nous met dans la peau de Lincoln Clay, un orphelin qui a grandi dans le quartier français de New Bordeaux. Sa vie a été difficile dès le début, non seulement à cause de la perte de ses parents mais aussi à cause de son être afro-américain dans une période, les années 50, lorsque la haine raciale était endémique aux États-Unis. Dans la seconde moitié des années 60, il s'enrôle dans l'armée combattant au Vietnam et revenant avec honneur dans son pays natal, se retrouvant cependant à résoudre les problèmes de son père adoptif, Sammy, en conflit avec la mafia haïtienne.
La narration a toujours été une caractéristique prépondérante de la série et Mafia 3 est non seulement à la hauteur de la tradition en offrant un scénario bien écrit, mais l'améliore en proposant une coupe documentaire pas inédit dans le jeu vidéo mais très peu exploité. En mélangeant des interviews de certains personnages secondaires avec des films à la fois virtuels et réels de l'époque, le joueur est ainsi complètement immergé dans le flux des événements, comprenant de manière plus profonde la psychologie des différents protagonistes et descendant plus qu'adéquatement vers le complexe. période historique qui est probablement le contexte des événements de Lincoln la chose la plus réussie de tout le jeu.
New Bordeaux s'inspire de la ville de La Nouvelle-Orléans en Louisiane, l'une des villes avec la plus forte concentration de Noirs et avec un rôle de premier plan pendant les années de batailles pour les droits civils des noirs. Les actions de Lincoln se déroulent donc à un moment crucial de l'histoire américaine, réalisée grâce à une reconstruction précise et cohérente de la période historique, avec un langage très désobligeant envers les noirs, les passants effrayés par notre arrivée, les boutiques ouvertement ségrégationnistes qui menaceront d'appeler police si nous ne partons pas.
Même les policiers auront tendance à avoir un certain type de comportement en fonction de l'endroit où nous serons, se montrant beaucoup plus agressifs dans les zones à prédominance blanche que dans les zones les plus pauvres et donc les noirs. Le contexte historique influence activement l'environnement et tous ses composants connexes, plaçant ainsi entre nos mains une sorte de simulation complexe et fascinante de ces années, conceptuellement solide assez pour faire de Mafia 3 un titre unique en son genre.
Tout ce que Mafia 3 fait à merveille, cependant, finit par rompre avec un titre qui est techniquement un flambée du manque d'optimisation. Laissant de côté les bugs typiques d'un monde ouvert que l'on tolère encore car il n'y a pas de jeu parfait de ce point de vue, le moteur graphique montre quelques défauts majeurs à tous égards: on passe d'un déséquilibre dans la qualité des textures à un pop-up embarrassant qui implique tout à l'horizon et même la signalisation routière sur l'asphalte.
Le framerate ne parvient jamais à se stabiliser à 30 fps, en particulier dans les phases de conduite où la plupart des problèmes semblent survenir, finissant même par geler ou s'écraser sans raison apparente: tout finit par avilir un travail qui, cependant, a aussi des choses positives de son côté.
Nous avons en fait des modèles de personnages très bien faits, qu'ils jouent ou non, un système de guidage qui peut être basique ou simulatif en fonction de nos choix, un jeu de tir très réaliste et des tirs convaincants, d'autant plus que l'IA dans cette situation fonctionne bien, changeant souvent de couvertures et mettre un peu de poivre proverbial dans les combats. Le jugement positif est inversé à la place dans les phases furtives, où les ennemis sont de simples pions à abattre avec une simplicité excessive même à de grandes difficultés, rendant cette pratique presque ennuyeuse au bout de quelques heures, préférant une confrontation directe oui plus bruyante et dangereuse, mais aussi plus amusante.
Un chien qui mange sa propre queue
Mais ce qui a soulevé la perplexité avant et la déception après, c'est la gameplay et structure générale du jeu qui, une fois le tour narratif initial passé, entame une séquence de missions en tous points identiques les unes aux autres, menant tôt ou tard à l'ennui total même à ceux comme moi qui mâchent du pain et du bac à sable sans problème.
Tout commence par l'événement déclencheur qui conduira Lincoln à vouloir reprendre New Bordeaux: à partir d'ici, la carte du jeu grouillera de missions visant à affaiblir les rackets de la ville tels que la prostitution, l'héroïne, l'alcool et autres commerces légèrement illégaux. Chaque raquette est gérée par un boss, qui restera cependant caché tant que tout se passera bien: notre tâche est donc créer des ravages, détruisant les magasins qui vendent de l'alcool des mafias, ou pénétrant par effraction dans un bordel et en libérant les prostituées qui s'y trouvent. Une fois que vous avez fait suffisamment de dégâts, le boss se révélera pour réparer les dégâts que vous avez causés, vous offrant ainsi l'occasion parfaite de le tuer ou lui sauver la vie en le plaçant sous votre paie.
Ces opérations vous permettront ensuite d'obtenir des fonds pour mener à bien vos travaux, accéder en attendant aux soi-disant faveurs ce qui se traduit par de meilleurs armes, des voitures et même la possibilité de soudoyer la police tout en étant recherché.
Tout cela est très beau et intéressant, si seulement cela c'est tout ce que nous ferons dans Mafia 3 du début à la fin: malgré la présence de quelques missions secondaires et la gestion des territoires nous ne ferons rien d'autre, amenant le joueur dans une boucle dont la fin est étroitement liée à l'ennui accumulé en jouant. Une vraie déception qui vous laisse consterné, si vous pensez à la variété des missions qui ont toujours caractérisé la série et à quel point un monde de jeu aussi beau et complexe n'a pas été exploité correctement.
Les quelques éléments qui cassent partiellement le rythme du jeu sont les composants électroniques, objets laissés un peu partout dans la ville et qui permettent, utilisés sur les centraux téléphoniques, d'obtenir une vue plus détaillée de la carte. très similaire à ce que représente la synchronisation dans Assassin's Creed; puis il y a les objets de collection, également éparpillés et qui caractérisent davantage le contexte historique du jeu: des pochettes des disques de la bande originale non originale, en passant par les illustrations érotiques d'Alberto Vargas jusqu'aux magazines automobiles de l'époque et des numéros de Playboy qui, en plus d'offrir des demoiselles d'une beauté incontestable, contiennent également des interviews réellement publiées (personnellement je recommande celle à Stanley Kubrick, ndlr), élever encore plus le niveau de qualité et de raffinement concernant l'historicité du jeu.
Enfin, parlons de la bande son, avec laquelle Hangar 13 parvient à renverser même Rockstar avec un choix de chansons absolument fou et cela commence à jouer avec All Along The Watchtower de Jimi Hendrix déjà à l'écran titre, en passant par les grands succès de Rolling Stones, Janis Joplin, Otis Redding, offrant un aperçu complet de la musique de ces années avec seulement trois stations de radio présentes. Les radios fourniront également des informations à la fois sur ce qui se passera dans la ville mais aussi de vraies nouvelles de l'époque, par exemple en parlant du mois de mai français et de la révolte étudiante de 68, contribuant à rendre le jeu réaliste à des niveaux jamais vus auparavant.
La bande-son non originale à la place, arbore le style classique de la mafia, proposant des chansons aux nuances noires parfaites et sans bavures qui restent fidèles aux grands thèmes de la série.
En conclusion
Cependant, Mafia 3 reste une grosse déception en ce qui concerne un gameplay serré au maximum et un secteur technique embarrassant, éléments à prendre en considération lorsqu'il s'agit d'un jeu vidéo. Une occasion aussi grande que partiellement manquée d'amener la série à l'évolution nécessaire pour rivaliser dignement sur le marché actuel.
Malgré cela, la seule chance de vous plonger dans un contexte historique aussi précis et intéressant rend le jeu au moins intéressant.
► Mafia III est un jeu Adventure-Race-Shooter développé par Hangar 13 et édité par 2K Games Aspyr Media pour Mac, PC, PlayStation 4 et Xbox One, le jeu vidéo est sorti sur 07/10/2016
