Revue par Clid The Snail. Jeu pour PC, PlayStation 4 et PlayStation 5, le jeu vidéo est sorti le 30/09/2021
Clid The Snail, jeu de Weird Beluga et édité par Koch Media, s'était déjà montré sur nos pages avec l'avant-première du 12 août dernier et il est enfin temps de le revoir.
Ce "enfin" se justifie aisément : la prémisse narrative, en effet, nous avait intrigués et la bande son nous avait également captivés. C'est dans ces deux points que nous pensions pouvoir trouver l'âme et le noyau futurs de Clid the Snail, en partie plein d'espoir, en partie convaincu que même un produit aussi "intime" pourrait trouver sa place dans ce grand et fou du marché du jeu vidéo.
Partons de ce secteur narratif que nous avons évoqué plus haut : Clid (de son vrai nom, Euclide) est un escargot, tout juste exilé de son village car il s'oppose obstinément aux éléments stylistiques et aux comportements dictés par le "statu quo" escargot. C'est ainsi qu'on entre en jeu, in media res, avec un personnage auquel les événements voudraient qu'on s'attache, mais il manque à Clid un caractérisation profond que, si on ne peut pas trop en attendre dans les premières minutes de jeu, du moins on aurait aimé voir dans la succession des événements.
Malheureusement, nous n'en voyons même pas l'ombre, un aspect qui sape l'implication émotionnelle que l'avant-première semblait suggérer ; il n'y a pas non plus moyen de s'appuyer sur des acteurs de soutien spirituels, puisque le seul autre personnage à l'écran est Belu, une luciole bavarde qui joue le rôle de "Navires" mais ne laisse transparaître aucune profondeur. Il en va de même pour les autres personnages que nous croisons en chemin : sinon Healsy, dont nous avions déjà parlé dans l'avant-première, ils partent malheureusement tous le temps qu'ils trouvent.
Les modèles ennemis sont intéressants et assez variés, avec une touche esthétique qui révèle souvent leurs différents schémas d'attaque, mais ils restent, pendant presque toute la durée de l'aventure, à peine plus que de la chair à canon, des effigies vides d'une IA banale, parfois d'une stupidité flagrante.
Laissant derrière nous l'intrigue narrative, nous arrivons à ce qui aurait dû être le deuxième nœud du triptyque promis, également en phase d'avant-première, par Weird Beluga : le tournage. Dès le début, en effet, Clid the Snail met une arme entre nos mains et en quelques secondes, nous pouvons reconnaître les caractéristiques canoniques des tireurs à double manche les plus classiques, ici cependant privé de ce facteur X qui a fait d'Alienation et de Dead Nation des chefs-d'œuvre incontestés. Les références à ces titres et à cette ambiance sont très fortes, mais comme toujours le désir de rendre hommage à un genre ne suffit pas : il faut des contextes pour respecter ses éléments stylistiques ou, courageusement, les réinventer.
Dans Clid l'escargot la prise de vue a une sensation discrète, mais rien qui reste trop impressionné: il y a le tir normal, le tir chargé, le soft-lock on de l'aide à la visée, et une sorte de "super" qui varie selon la coque que l'on décide de porter (une fois déverrouillée, bien sûr). Oui, cela fait partie d'une telle norme établie, mais c'est et reste exactement cela : la norme.
Avant de passer au troisième pilier de l'expérience que Weird Beluga a voulu offrir avec Clid the Snail, mentionnons la bande originale. Le discours, dans ce contexte, est similaire à ce qui a été fait juste au dessus pour le gunplay : sLes influences heavy metal sont claires, à tel point que toute la bande-son est basée sur l'utilisation de guitares acoustiques et électriques, cependant, la volonté de donner à la musique sa propre personnalité se heurte au manque de variété et à l'extrême répétitivité des chansons proposées, grâce à un bouclage assez médiocre des morceaux.
Nous parlions d'un troisième volet principal de Clid the Snail : l'exploration. Dans ce contexte, commençons par les applaudissements qu'il faut absolument donner aux artistes de l'environnement : l'environnement a clairement beaucoup de choses à raconter et il le fait avec chaque objet et atout collatéralement placés dans les différents biomes qui composent le jeu. Pour mieux argumenter, le monde dans lequel Clid l'escargot est situé est le nôtre, seulement nous n'y sommes plus: de nous il reste des squelettes, de la poussière, de nombreuses légendes… et une partie des objets de notre quotidien qui remplissent l'environnement. L'ombre de notre présence dans ce monde est palpable, dans chaque cadre.
Bien sûr, on ne peut manquer de reconnaître une trop grande uniformité d'environnements et de protagonistes qui s'affrontent souvent, et quelques effets de flou de mouvement qui font tourner le nez. De plus, l'exploration au sens strict n'est pas particulièrement agréable : la structure des niveaux stimule la curiosité, mais les zones pleines de pièges, bien qu'agréables dans leur structure et, dans certains cas, agressives dans leur approche résolutive, sont au bout de peu de temps frustrantes. En raison d'un système de checkpoint trop punitif qui crée une friction excessive et indigeste entre le jeu et le joueur, antithétique aux principes de tout bon game design qui se respecte.
Clid the Snail a définitivement la durabilité de son côté, étant donné qu'en environ 10 heures est résolu, sans trop de charge narrative ni de révolution de gameplay ; ce ne sont pas 10 heures faciles, ni excessivement amusantes dans tout leur déroulement, remarquez, mais nous en avons affronté de pires dans le passé.
Nous avons appelé Clid the Snail un produit de la passion et cela transparaît à chaque instant du jeu ; malheureusement ses bords et ses détails s'avèrent bruts et peu digestes, surtout dans la sensibilité d'un genre, celui du twin-stick shooter, dans lequel la fluidité, un bon jeu de tir et des compétences offensives colorées sont non seulement des piliers suffisants mais même nécessaires de l'expérience il veut être rendu au joueur. Que vous soyez fan du genre ou non, Clid the Snail n'est certainement pas le titre pour… sortir de votre coquille.
► Clid the Snail est un jeu de type Shooter-Adventure développé par Weird Beluga et édité par Koch Media pour PC, PlayStation 4 et PlayStation 5, le jeu vidéo est sorti le 30/09/2021